Résonances et interférences systémiques dans un contexte de (post) pandémie, de changement climatique et de migration, en Europe
Changement des relations:
Le développement des relations (familiales) au 21ème siècle est caractérisé par des diversifications des formes, des structures et des cycles de vie (familiales) ainsi que par des divergences et des polarisations socioéconomiques. Nous sommes confrontés à des taux croissants d’inégalités, de pauvreté, de problèmes de santé, de changements massifs dans la fertilité et la structure familiale, à une baisse du niveau de confiance (capital social) et, comme l’affirment certains scientifiques sociaux, au triomphe de l’individualisme par rapport à la communauté. La crise du coronavirus a opéré, d’une certaine façon, comme un verre grossissant qui nous a montré ce que sont nos relations sociales. Notre destin est-il de glisser vers des taux toujours croissants de polarisation entre riches et pauvres, travailleurs réguliers et précaires, hommes et femmes, vieux et jeunes, blancs et noirs ? Ou bien aurions-nous des raisons de penser que la fracture est un état provisoire et que les sociétés s’auto-organiseront ? Et si cette auto-organisation avait lieu, quelle en serait la forme ? La dynamique destructrice, est-elle exacerbée ou aggravée sous l’effet des (pas si) nouvelles conditions mondiales de la pandémie, des changements climatiques et des mouvements migratoires ? Quelles sont les ressources possibles et les nouveaux horizons émergeant de ces conditions mondiales, en ce qui concerne les relations ? En tant que thérapeutes familiaux systémiques, nous sommes des experts dans les transitions complexes d’un ordre à un autre et dans le travail avec des systèmes à polarités immanentes.
Changement d’outils, de pratiques et de procédures:
Ainsi que Peter Fonagy affirma : les nouveaux conflits en conseil et thérapie ne se dérouleront plus entre différentes écoles de psychothérapie mais entre les formats en ligne et hors ligne. Nous avons tous vécu, à tout le moins en raison de la distanciation sociale et des confinements dus à la pandémie, le conseil / la thérapie / la supervision numérique / en ligne. Nous avons appris les pour et les contre de ces formats - et nous apprenons encore… nous avons été confrontés aux défis que représente la thérapie en ligne, pas seulement avec un patient mais, en même temps, avec tous les membres de la famille - et, certains d’entre nous, même avec de (jeunes) enfants… et nous nous sommes efforcés, d’une manière approuvée sur le plan systémique, de ne pas tomber dans le piège de l’attitude soit-soit, mais de mettre à l’épreuve une approche ainsi que : en utilisant un mélange de formats en ligne/numériques/hors-ligne/mélangés. Bien plus encore : Nous essayons de soutenir des migrants traumatisés, qui ne parlent pas notre langue ; nous travaillons avec des jeunes atteints d’une sorte de « dépression du changement climatique » ; nous sommes confrontés à la violence familiale et à une augmentation perçue de la maladie mentale, dans le contexte des divers confinements. Qu’en est-il de nos outils, de nos pratiques et de nos procédures qui changent, par exemple, par rapport à cela?
Les thérapeutes et conseils systémiques ont beaucoup à apporter. Un des cadeaux de la thérapie et du conseil à une époque de polarisations croissantes peut être celui du réexamen de nos opérations, en termes de dualisme cartésien : esprit versus matière, individu versus société, personnel versus politique, intime versus publique, psychologique versus social, Dieu versus homme, élite versus peuple, race choisie versus les autres, nation versus nation et homme versus environnement.
Changement des demandes:
Oui, les temps ont changé, tout comme les demandes des clients. Nombreux sont ceux qui viennent avec un (bon, bien connu, modéré) mélange d’anxiété, de dépression et de troubles somatoformes, sans symptomatologie claire. D’autres sont perturbés mais ont appris à agir de façon adaptée - ce qu’ils arrivent à faire, pas si rarement, avec un peu d’aide du monde haut en couleurs des drogues anciennes et nouvelles et d’habitudes de comportement addictif. Les troubles de la personnalité organisent et influencent les symptômes, tandis que les traumatismes semblent s’être étendus. Les problèmes emmenés en thérapie semblent s’être élargis, tandis que troubles sociaux et psychiques sont enchevêtrés rendant nécessaire pour les cliniciens de s’ouvrir à la curiosité et à la flexibilité.
Le message de guérison de la Thérapie Systémique, en particulier, et de la psychothérapie, en général, est que la maladie mentale ou la psychopathologie est la rupture de la communication entre personnes et que la psychothérapie permet de développer la communication et de guérir par le biais de la communication. La majorité des troubles du monde proviennent d’un manque d’intercommunication et de coopération. La psychothérapie devrait fournir un exemple de la façon dont l’intercommunication et la coopération peuvent être rétablies par la persuasion et non pas par la force, parce que la civilisation a commencé lorsque la communication par la persuasion a remplacé la force brute. La civilisation est, elle-même, constituée via des réseaux de conversations et la langue de la persuasion.
Changement de contexte:
Nous ne travaillons plus dans la sécurité des quatre mur de notre bureau. Les professionnels quittent leurs locaux et abordent des contextes plus larges, rencontrent des situations tragiques, travaillant dans des camps de réfugiés ou avec des équipes multidisciplinaires dans les espaces de vie de leurs patients et de leurs familles. Ou bien, ouvrent-ils des fenêtres numériques dans leur cabinet vers le monde extérieur, travaillant avec des personnes gravement perturbées, sans jamais les voir dans la vie réelle. Nombreux sont ceux qui collaborent avec les tribunaux dur des questions de violence et de décisions en matière de garde. D’autres travaillent avec des organisations de la communauté qui traitent de problèmes sociaux.